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 Du foetus au chien

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Roll'n'Vale

Roll'n'Vale


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Date d'inscription : 07/07/2004

Du foetus au chien Empty
MessageSujet: Du foetus au chien   Du foetus au chien Icon_minitimeDim 11 Juil - 12:49

Taïaut ! Taïaut ! Me voilà, poussez-vous ! Zououou … Pouf !”
Vous venez d'assister à la naissance de Lowshi, "clone littéraire" d'un apollon arlequin à l’oeil bleu séducteur .
Lowshi, comme tous ses frères et soeurs du monde réel, est venu au monde aveugle, sourd et doté d'un cerveau inachevé, désordonné et inefficace .
Mais que s'est-il passé avant le grand saut ?
Comment notre foetus deviendra-t-il un chien ?

Et que faire pour que ce chien en devenir ait toutes les chances d’être équilibré ?


I. La période pré-natale

Rejoignons notre clone-foetus dans le ventre de sa mère .

Quarante-six jours après sa conception, Lowshi flotte bien au chaud entre ses frères et soeurs, quand un léger courant d’activité passe dans le petit groupe .
- “Hé, la main, reviens ici ! Je suis là, moi . Reviens ! Hum c’est bon …”

En période pré-natale, les chiots font preuve d’une compétence tactile précoce : ils réagissent aux caresses et palpations de l’abdomen de la chienne .
De la même manière, un stress infligé à la chienne gestante provoquera chez les foetus des bonds, des rotations et des succions frénétiques .

A ce stade, deux conseils :

Caresser la chienne tout au long de la gestation et masser doucement son ventre, surtout durant les 2 dernières semaines de grossesse .

Eviter de stresser la chienne : toute émotion forte se répercute chez les foetus .

Vous désirez choisir votre petit compagnon poilu dans cette portée : rencontrez la maman . Evaluez son équilibre : les chiots issus d’une chienne stressée auront eu une vie pré-natale agitée .


II. La période néo-natale

Cette période s’étend de la naissance à l’ouverture des yeux .

Les seules activités des chiots consisteront en têtées rythmant les longues périodes de sommeil (principalement sommeil paradoxal : les chiots sont agités de tremblements et de mouvements de la face) .

“J’ai faim ; j’ai faim ! Où est-ce ? Non, par là, c’est froid … hum, ici ça se réchauffe … encore un effort … Oui, ça brûle ! Essayons d’y enfoncer le museau … Non, c’est dur ! Par là ? Youpi ! Allez, les pattes : pédalez . Miam miam …”

A cette époque de leur vie, les chiots suivent des réflexes de survie qui leur imposent de trouver chaleur et nourriture (chaleur, car leur cerveau inachevé est incapable de réguler la température du corps) .

Leurs sens tactiles et thermiques vont leur permettre de s’orienter (par reptation) vers le ventre de la chienne où ils trouveront les mamelles grâce au réflexe de fouissement ; le contact du têton provoquera le réflexe labial (succion).

Un autre réflexe vital est le réflexe périnéal qui permettra mictions et défécations : c’est la mère qui, en léchant la région périnéale, provoquera l’élimination et ingérera urines et excréments .
Cette position que la mère impose aux chiots pour leur “toilette” en les poussant du nez et en les basculant sur le côté ou sur le dos restera pour le chien devenu adulte la position de soumission . Il pourra même émettre de l’urine pour “parfaire” la posture .

Durant les deux premières semaines de vie, il est bon de caresser les chiots avec douceur, d’abord quand ils sont à la mamelle, puis progressivement les prendre dans les mains pour les caresser, les retourner sur le dos et les soupeser . Tout en respectant scrupuleusement leur sommeil et sans oublier de ne jamais les poser sur des surfaces froides !


*Le développement neurologique

Pendant que Lowshi et cie dorment et têtent, leur développement neurologique se poursuit . Avant la naissance, les connections nerveuses se construisent principalement (mais pas exclusivement) sous l’influence du programme génétique de croissance . Par contre, après le grand saut, c’est l’interaction avec le milieu environnant qui jouera le rôle principal ! En fait, les stimulations extérieures vont provoquer par effet rétroactif la maturation des synapses nerveuses .
Si ces notions nous obligent à nous replonger dans nos cours de bio / chimie, elles sont capitales pour comprendre l’influence et la responsabilité de l’éleveur dans la lente construction du cerveau de nos poilus .

“Une synapse est renforcée par effet rétroactif sitôt que la transmission est devenue fonctionnelle à la suite de stimulations extérieures .”
(Pour ceux qui ne retrouvent pas leur syllabus : la synapse est le point de jonction entre les terminaisons de deux cellules nerveuses .)

Chez nos bébés poilus, les synapses sont encore immatures : pour pouvoir mûrir, chaque synapse doit être activée . A chaque stimulation d’un récepteur sensoriel (de l’un des cinq sens), un influx nerveux se propage de cellule en cellule et à chaque point de contact entre ces cellules mûrira une synapse .

Puis, Dame Nature va mettre de l’ordre dans tous ces petits cerveaux par une “grande lessive” connue sous le nom de stabilisation sélective qui n’est autre qu’un programme d’autodestruction des synapses immatures .

Tout cela peut être passionnant du point de vue scientifique, mais en quoi sommes nous concernés, nous, propriétaires de poilus ?

Eh bien, quittons le système pileux pour illustrer le phénomène .

Imaginez sur un bureau deux magnifiques PC rutilants et fleurant bon le neuf : Pic et Poc .
Ce type d’engin vous permet en théorie toutes les fantaisies du genre traitement de texte, lecture et gravure de CD et DVD, surf sur Internet, jeux, …

Pic a été correctement configuré et son nouveau propriétaire va s’en donner à coeur joie en utilisant une partie plus ou moins grande de toutes ses possibilités. Et un nombre important de petits Pic risque d’atterrir chez des personnes qui n’utiliseront jamais tout leur potentiel : par manque d’intéret, par manque de connaissances, par manque de temps, ... Curieux comme certaines analogies nous viennent à l’esprit !

Poc, par contre a été programmé un lundi matin chagrin après un week end pluvieux ! Et à la place du modem se trouve un grand vide . Vous pourrez toujours essayer de surfer sur le Net ! N’ayant subi que peu de programmation et de configuration, Poc ressemblera comme deux gouttes d’eau à Pic mais sera tout au plus capable d’effectuer les calculs de base et le traitement de texte ! Et vous aurez beau danser la lambada ou lui envoyer un bon direct du droit, vous n’y changerez rien !

La “programmation” des chiens c’est la maturation des synapses qui rend le cerveau opérationnel .
Un chiot ayant vécu dans un milieu riche en stimuli (odeurs, sons, objets à voir, à toucher et à mordiller) possèdera un cerveau riche et compétent qui lui permettra d’apprendre et de faire face à la vie .
Un chiot hypostimulé n’aura pas les compétences nécessaires pour répondre aux demandes de son propriétaire et de l’environnement et pourra rester indéfiniment un “handicapé de la vie” . En poussant à l’extrême, le chiot né et élevé dans le noir absolu (ce qui équivaut à une absence de stimulations visuelles) restera aveugle toute sa vie : les synapses du nerf optique n’ayant jamais été activées seront effacées par le programme d’autodestruction et bien que les yeux soient en parfait état, il n’y aura aucune transmission d’information par le nerf optique et le chien sera aveugle ! Il en va de même en cas d’hypostimulation des autres sens …


III. La période de transition

C’est la dernière étape du développement du cortex cérébral . Elle débute entre le 14° et le 18° jour à l’ouverture des yeux et prend fin à l’ouverture des oreilles .

Quelques jours après l’ouverture des yeux, la pupille devient opérationnelle et le chiot commence à voir . Il sera enfin capable de se mouvoir sans “toucher” ; ce qui signe la condamnation à mort des réflexes primaires devenant peu à peu inutiles . La vue lui permettra aussi un début d’exploration entre têtées et sommeil .

L’audition deviendra fonctionnelle entre le 21° et le 25° jour selon les races et marquera le début de la période de socialisation .


IV. La période de socialisation

Durant cette phase complexe et déterminante, notre chiot va devoir passer par : 1- l’attachement et l’imprégnation, 2- l’apprentissage des espèces-amies, 3- l’acquisition des autocontrôles, 4- des règles de communication, 5- des règles de hiérarchisation et 6- le détachement .

IV.1. Attachement et imprégnation :

Les nouvelles options dont nos poilus sont équipés leur permettront d’identifier leur mère . En période néo natale, n’importe quelle surface souple, chaude et fournissant du bon lait faisait l’affaire . Mais maintenant que le chiot peut la voir, la sentir et mémoriser ses caractéristiques, il va s’attacher à sa maman (qui, elle, reconnaît et s’attache à ses petits durant les premières 48h après la naissance) ; elle-seule pourra l’apaiser et lui permettre de découvrir le monde “en étoile” .

Cet attachement sera indispensable et déterminant dans le processus d’imprégnation , ou “empreinte” : c’est le “processus d’apprentissage au cours duquel le sujet apprend à reconnaître son semblable” (Dr P.Pageat) . Autrement dit, en se faisant une image précise et complète de leur mère, Lowshi et ses frères et soeurs apprennent qu’ils sont des chiens ! Notion déterminante pour l’avenir puisque l’imprégnation permet l’identification des partenaires sociaux et sexuels . Sans imprégnation à sa propre espèce, le chien développera dès la puberté des sociopathies, dont l’espoir de guérison est très faible, pour ne pas dire inexistant .

IV.2. Apprentissage des espèces-amies :

Le chien reste et restera encore pendant d’innombrables générations un prédateur, social certes, mais prédateur quand même . Et qui dit prédation, dit problème dans notre société humaine . Or, on ne chasse pas les amis .
Entre 3 semaines et 5 à 7 semaines, le BB poilu traverse une période d’attraction sociale, pendant laquelle il se sent attiré par tous les êtres vivants qu’il rencontre . Si, durant cette période, le chiot peut avoir des contacts positifs avec des humains de tous types (jeunes, vieux, enfants, bambins, femmes, hommes, ...) et des animaux d’autres espèces (chats jeunes et vieux, poules, vaches et veaux, ...), il les considérera comme appartenant aux espèces-amies .
Les espèces avec lesquelles il n’aura pas eu de contact suivi durant la période de socialisation feront partie des proies (ou des prédateurs) !
La socialisation interspécifique doit être entretenue sous peine de s’effacer (désocialisation) . Il est encore possible de la réaliser après 3 mois (elle sera dite « secondaire ») mais elle sera beaucoup moins solide et surtout, ne se généralisera pas .
On pourra, par exemple, habituer un chien adulte au chat de la maison, mais ce n’est pas pour cela qu’il ne chassera pas le chat du voisin !

IV.3. Les autocontrôles :

IV.3.1. Contrôle de la fonction motrice :

Régulièrement au cours de la journée, la maman (équilibrée) va foncer sur l’un de ses rejetons pour le stopper, le retourner sur le dos et le maintenir dans cette position jusqu’à ce qu’il se calme (le chiot se détend, lèche le poitrail et les babines de sa mère) . En faisant cela, la mère leur inculque le contrôle de leur fonction motrice, leur apprend à s’arrêter . Pour grandir, un chiot a besoin de repères, de limites .
Il est indispensable de poursuivre le travail de la mère jusqu’à l’âge de 4 mois, sous peine d’avoir un chien qui ne s’arrête jamais, aboie sur tout ce qui bouge, prend tout en gueule et détruit tout ce qui est à sa portée ! Comment faire ? Et bien comme elle, dès que l’excitation du BB-dodu monte, il faut l’empoigner (sans colère, sans énervement, mais avec fermeté), le retourner sur le dos ou au moins sur le côté et le détendre en lui massant le poitrail et surtout les babines (où se trouvent les fibres d’apaisement) . Il est admissible pour un chiot que n’importe quel adulte fasse cela, adulte chien ou adulte humain . Mais il peut ne pas l’accepter de la part d’un enfant . D’ailleurs, quel enfant est assez mur pour privilégier l’éducation du chiot en pleine partie d’un jeu décoiffant ! Au contraire, en continuant le jeu, l’enfant renforcera l’excitation du chiot !
Si la maman chien ne s’est pas beaucoup occupée de votre diablotin (toutes les chiennes ne sont pas bonnes éducatrices - les portées supérieures à 5 ou 6 chiots ne bénéficient que très rarement de toute l’attention nécessaire), il se peut que vous soyez obligé de procéder de la sorte une dizaine de fois par jour et ce jusqu’à 4 mois . En parallèle, vous devrez stopper toute interactivité avec le diablotin si celui-ci est excité . Exemple, vous jouez avec lui, il fait le fou, vous stoppez tout et ne le regardez plus jusqu’à ce qu’il se soit calmé . A ce moment, vous reprenez le jeu .

A deux mois, comment savoir ?
Il suffit d’amener le chiot dans une pièce calme et de jouer quelques minutes avec lui, puis d’arrêter le jeu . Le chiot qui arrive déjà à se contrôler essaiera de vous relancer mais se calmera au bout de quelques minutes ; tandis que celui qui n’a pas été éduqué par sa mère continuera à remuer dans tous les sens, à tenter de vous mordiller, d’atteindre tous les objets de la pièce et ne parviendra pas à se calmer ...

Sinon ?
Le défaut de cet autocontrôle primordial mène à l’hyper-activité (syndrome HS-HA) et vous direz de votre chiot qu’il est « nerveux », qu’il « ne s’arrête jamais » ! C’est une maladie à traiter sous peine de dégénérer en agressivité .

IV.3.2. Contrôle de la morsure :

L’inhibition de la morsure s’acquiert entre 2 et 3 mois, 3 mois et demi, pendant la période sensible .
La « prise en gueule » du chiot pratiquée par la maman sert à fermer la gueule du BB pour qu’il arrète de mordre .
Durant les jeux entre frères et soeurs de portée (d’où l’importance de ne pas être chiot unique !), lorsqu’il y a morsure, le chiot mordu va pousser un cri aigu . Ce cri stoppera instinctivement le chiot mordeur et arrêtera forcément le jeu . D’ailleurs si le petit mordeur ne s’arrête pas, soit il se fera mordre en retour par sa victime, soit la mère interviendra . Petit à petit, le chiot apprendra que mordre signifie l’arrêt du plaisir !
Quand BB arrive dans sa famille humaine, pour des raisons diverses, ses humains ne vont généralement pas pousser ce cri de douleur ni se détourner du petit qui mordille ; celui-ci va donc continuer et généralement intensifier les mordillements envers les vivants et forcément, les destructions des objets, puisque peu de pattes de meuble, peu de livres lui résisteront ! Le comportement, étant renforcé par la coopération des « victimes », va s’intensifier et le chiot deviendra un chien destructeur .

A deux mois, comment savoir ?
Au moindre contact avec les dents de votre petit élu, poussez un « aïe » aigu ; si ce cri stoppe le chiot, qu’il éloigne son museau de vos mains c’est qu’il est possible qu’il se contrôle déjà . Si il continue à vous mordiller, attention, prudence, vous risquez d’avoir du pain sur la planche !
Que faire à la maison ? Dans les deux cas, pensez que la peau humaine est plus fragile que celle du chiot dont les dents de lait sont très pointues, donc criez « aïe » à chaque mordillement, pour que le petiot saisisse la différence .
Si il ne se contrôle pas encore, surtout bannissez tous les jeux de traction et de mordant . Et, en cas de mordillement, morsure ou pincement, le même « aïe » aigu mais cette fois suivi du retour de manivelle : pincez le diablotin au cou (sans le secouer), au museau ou aux oreilles (la morsure aux mêmes endroits est plus efficace, mais elle semble répugner la plupart des humains, pourtant …). Attention, il faut pincer avec assez de vigeur pour que le coupable crie « kaaïïe », sinon, ça ne sert à rien : pas de douleur = pas d’arrêt des mordillements ! Il suffira de quelques « retours de manivelle » pour que votre « aïe » suffisse à ramener le petit mordeur à un comportement moins piquant .

Sinon ?
Le défaut d’inhibition de morsure mène forcément … aux morsures, mais aussi aux destructions et à d’autres problèmes car le mordillement des cailloux par exemple risque d’entraîner le chien à les avaler ....Donc, pour le chiot, risques de maladies et de lésions et pour l’adulte risque d’exclusion, d’abandon .

IV.4. Les règles de la communication et l’homéostasie sensorielle :

IV.4.1. Les règles de la communication :

Nos Poilus appartiennent à une espèce sociale qui a développé un système de communication propre . Au milieu de ses frères et sœurs au cours des jeux et des interactions avec sa mère, Lowshi va apprendre toute la panoplie de postures, mimiques et rituels qui lui permettra de communiquer avec les autres chiens . Arrivé dans sa famille humaine, il continuera à apprendre, généralement des variantes de ce qu’il connaît pour communiquer au mieux avec les bipèdes . Avec le temps, il développera tout un ensemble de rituels pour se faire comprendre . Cet apprentissage suivant le principe du « si ça fonctionne, je recommence ! », il est donc relativement aisé d’aiguiller son poilu . L’une de mes doguettes avait essayé de gratter la porte pour demander à sortir, je l’ai aiguillée vers une clochette à bousculer du bout du nez . Inutile de dire que je préfèrais laver une clochette que remplacer ma porte !
Un chien abandonné après plusieurs années peut éprouver beaucoup de difficultés à communiquer avec sa nouvelle famille . La perte des rituels peut facilement induire des états anxieux (anxiété de déritualisation) qui ne facilitent pas l’intégration de l’adopté .

A deux mois, comment savoir ?
Prenez le temps d’observer celui que vous avez choisi au milieu de ses frères et sœurs .

Sinon ?
Le défaut de communication avec les humains peut mener à l’anxiété, l’anxiété à l’agressivité, …. Le défaut de communication avec les congénères mène aux bagarres, de plus en plus fréquentes et graves puisque le chien ne peut les éviter . Le problème s’aggrave évidemment avec le temps .

IV.4.2.: L’homéostasie sensorielle :

« L’homéostasie sensorielle est l’autorégulation des émotions et des actions, déclenchées par des stimuli perçus par les sens . » Dr J.Dehasse
Sous ce terme barbare se cache un phénomène qui nous concerne tous : la faculté de réagir aux évènements à travers notre filtre sensoriel .
Chacun d’entre nous possède un seuil de sensibilité, un seuil de réactibilité individuel . Prenons l’exemble de la prise de sang : certains vont tourner de l’oeil tandis que d’autres continueront à deviser gaiement ...
Le seuil de réactibilité du chiot se met en place entre 1 et 3 mois et dépendra de l’équilibre de la maman, du temps qu’elle a passé avec la portée et de la richesse sensorielle du milieu dans lequel ils évoluent . En fonction des stimulations de son environnement, le chiot va placer plus ou moins haut ce seuil qui lui servira de référence pour toute la vie .
Deux exemples vécus :
Lowshi est né à la maison d’une maman équilibrée et choyée . Depuis toujours, il a été manipulé avec douceur et tendresse, il a entendu tous les bruits de la maisonnée, vu tous les mouvements, senti toutes les odeurs, rencontré toute la famille de la vieille voisine au neveu nouveau-né ; il a marché sur des tapis, du carrelage, l’herbe du jardin ; il est allé en voiture chez le vétérinaire ; il a joué avec les chats du voisinage et le lapin du jardin . Son seuil de référence est très élevé ! Il sera donc capable de s’adapter et d’apprendre facilement .
Badum provient d’un élevage de campagne ; un agriculteur qui a choisi d’élever des chiens qui se vendent cher pour arrondir les fins de mois . Les femelles d’exposition ont de belles cages dans la grange . Seuls les bruits du tracteur et les aboiements viennent troubler le silence de la grange . La maman est partie dès que possible, car elle ne peut pas être « abîmée » : elle doit encore avoir des bonnes cotes en expo pour la publicité ! Et les Badum a pour seuls jouets les brins de paille de la cage qu’elle n’a jamais quittée ... avant ses 9 mois, où un ignorant est venu l’acheter ! Son seuil de référence est très, très bas . Et dès qu’elle quitte sa cage, la peur l’envahit . Le trajet et l’arrivée dans une maison pleine de bruits et de bipèdes sont autant de cauchemars qui la terrorisent . Elle est incapable d’y faire face : tout cela est loin au-dessus de son seuil de référence . L’anxiété mène à l’agressivité et à 1 an la petite Badum se retrouve dans une cage à attendre l’euthanasie, parce que personne ne peut l’approcher ...(Badum a été sauvée, mais il m’a fallu un an pour transformer la bête sauvage en doguette de salon, pour reculer son seuil de référence suffisamment loin pour qu’elle survive dans une maison) .

A deux mois, comment savoir ?
Faites ce simple petit test : laissez tomber votre jeu de clefs sur le sol à 50 cm du BB, celui-ci va sursauter ; la deuxième fois, sa réaction devrait être plus faible et si la troisième fois, le chiot ne réagit quasiment plus, cela signifie que son filtre sensoriel a fonctionné et n’a plus transmis d’alerte au centre des émotions . Il s’agissait là de l’exemple d’un bruit mais le filtre sensoriel fonctionne de la même manière pour tous les sens, bien entendu !

Sinon ?
Plus on se rapproche des 3 mois, moins on peut modifier le seuil d’homéostasie . Plus le seuil est bas, plus les risques d’anxiété augmentent, entraînant avec elle l’habituel cortège d’agressivité, désobéissance (par peur), etc . Après 3 mois, il faudra utiliser l’habituation pour faire reculer le seuil fatidique .

IV.5. Les règles de hiérarchisation :

C’est aussi au milieu de ses frères et sœurs et sous la tutelle de sa maman que BB Poilu a acquis les règles hiérarchiques qui lui permettent de survivre dans un groupe . A l’arrivée dans sa nouvelle famille, il observera nos faits et gestes afin se situer dans le nouveau groupe . Comme il connaît déjà les prérogatives hiérarchiques, la famille qui les utilise clairement va grandement faciliter l’intégration du nouveau-venu . D’ailleurs, comme nous pauvres humains sommes incapables de communiquer chimiquement puisque nous ne sécrétons pas de phéromones de dominance, nous sommes condamnés à manger en premier, choisir les contacts, gérer l’espace et prendre les initiatives pour nous faire comprendre par notre nouveau compagnon .
Pour assurer sa survie, il cherchera aussi ses adultes régulateurs, ceux qui lui procureront protection, nourriture, chaleur, …Un enfant non pubère ne pourra remplir ce rôle car il est assimilé à un chiot . Pour obtenir que le chien reconnaisse l’autorité (du moins un respect suffisant pour accepter les commandements) d’un enfant (ce qui n’est pas naturel), il faut faire participer l’enfant aux actes hiérarchiques, former un tout, une coalition physique (en termes canins, plus on est volumineux, plus on a de chances d’être obéi) . Ce qui sous-entend un accord préalable de la famille sur les commandements . Lorsqu’un enfant atteint l’âge de la puberté, le chien est le premier à s’en rendre compte . Selon la personnalité de l’enfant et les relations inter-familiales, l’harmonie de la famille peut se retrouver totalement bouleversée .

Sinon ?
L’absence de hiérarchisation rend impossible la vie avec des congénères car tout conflit dégénère en agression . Les relations avec la famille humaine dégénèrent aussi rapidement en sociopathies (agressions, mictions, chevauchements hiérarchiques, agressions sur les enfants de la maison, destructions des issues, …)

IV.6. Le détachement :

Si l’attachement est nécessaire au développement du chiot, le détachement lui est indispensable pour devenir un chien . Dès la poussée des dents de lait, maman chien amorce le détachement : il lui arrive de repousser les petits drôles . Mais ce n’est encore qu’une ébauche du processus . Ici, deux scénarios selon l’âge du BB Poilu qui débarque dans votre vie .

BB a moins de 16 semaines : favoriser l’attachement à la personne qui deviendra son port d’attache pour les explorations et qui va l’éduquer (sa « personne d’attachement ou p.a. ») et ne jamais laisser le chiot sans un linge imprégné de l’odeur de son être d’attachement quand celui-ci est absent . Il va explorer le monde « en étoile » : bien en sécurité à proximité immédiate de sa p.a., le chiot aura envie de partir en exploration pour revenir se rassurer, puis repartir explorer et revenir se rassurer, et ainsi de suite, d’où l’appellation d’ « exploration en étoile » . Cet attachement est nécessaire au développement social du chiot même si il est destiné au travail ou à la garde . L’attachement se fait naturellement lors de l’adoption du chiot qui n’a pas 4 mois : il choisira dans la famille un adulte dont les odeurs (à défaut de phéromones) lui conviennent et trouvera près de lui l’apaisement et la sensation de sécurité qui lui permettront de grandir (il arrive qu’il ne choisisse pas la personne la plus motivée mais l’adoption d’un chien doit être une décision commune à toute la famille et sympathies et antipathies ne sont pas l’apanage de l’espèce humaine !) . De manière plus immédiate, il est important que les premières nuits après le grand bouleversement que constitue sa séparation d’avec la portée, le chiot puisse rester à proximité de sa p.a. . S’il ne peut se rassurer près de celle-ci, il sera en pleine détresse et hurlera jusqu’à épuisement . Certains chiots très sensibles ont beaucoup de mal à se remettre de cette détresse et restent anxieux . L’absence diurne de la p.a. est beaucoup plus facile à accepter et peut-être encore facilitée en laissant au chiot un linge imprégné de l’odeur de celle-ci, tel qu’un vieux T-shirt porté à même la peau . Au cas où vous ne voulez pas du chiot dans la chambre, procédez de la même manière que pour le jour et ajoutez-lui un diffuseur de phéromones d’apaisement pendant au moins un mois pour éviter la détresse .
Le chiot qui ne souffre pas d’anxiété, de peur se développera plus harmonieusement et sera plus adaptable . D’autre part, à partir de 4 mois et demi pour les mâles et 6 mois pour les femelles, vous pourrez sans difficulté et sans détresse le faire dormir dans une autre pièce .

BB a plus de 16 semaines : favoriser les contacts avec toute la famille : chacun s’occupe du chiot et on se partage les tâches significatives telles que préparation et don de la gamelle, sorties, toilette, jeux, éducation, calins, …de manière à éviter un attachement exclusif .

Le détachement proprement dit doit s’opérer vers 4 mois et demi pour les mâles (de manière à minimiser le pic d’agressivité sociale de la puberté), 6 mois pour les femelles .
Il s’agit de :

1.récompenser le chiot pour tout contact avec une autre personne de la famille et lui interdire de continuer à suivre sa p.a. ;
2.se partager les interactions avec BB Poilu telles que préparation et don de la gamelle, sorties, toilette, jeux, éducation, calins, … ;
3.dorénavant, ce n’est plus Poilu qui demande caresses et calins ; il faut lui retirer l’initiative, donc refuser de temps en temps ses avances quitte à le rappeler 3 minutes plus tard pour une séance de gros calins ;
4.éloigner son lieu de couchage de la chambre principale et ne plus lui laisser de linge apaisant .

Le détachement ne se fait pas en un jour ! Il faut, bien sur, être progressif . Et, si l’on parle de détachement, il s’agit en fait d’un transfert d’attachement d’une personne à un groupe familial .Ce sevrage affectif est aussi vital que le sevrage alimentaire, même si c’est moins connu .

Sinon ?
Sans détachement, pas d’évolution . Le chien restera un éternel chiot encombré d’un corps d’adulte ! Ses contacts avec les congénères seront totalement faussés .
Le défaut de détachement mène à l’hyper-attachement et à l’anxiété de séparation . Les souillures, hurlements et destructions en cas d’absence de la p.a. prennent rapidement des proportions ingérables .
Encore un cas où le malheureux risque l’abandon parce que cet être qu’il aime plus que tout n’a pas pris la peine de se renseigner sur ses besoins vitaux !


En conclusion

Beaucoup de mythes circulent encore sur nos compagnons poilus . Beaucoup d’ignorance, et de mauvaises interprétations . Le drame, c’est que cette ignorance est lourde de conséquence sur le bien-être, la vie même des toutous . Le gène de l’amour des enfants n’existe pas, il s’agit de socialisation ; le gène de la peur des coups de fusil n’existe pas, il s’agit de filtre sensoriel . Et le fait que les comportements du chien soient pour la plupart acquis, plus qu’innés, n’enlève aucun mérite à nos poilus, bien au contraire . J’espère vous avoir appris ou remémoré ces notions importantes de notre responsabilité envers nos poilus . N’est-il pas plus aisé de repousser des limites quand on comprend la source du problème.

Source: http://perso.wanadoo.fr/votredogueallemand/
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http://monsite.wanadoo.fr/rollmopsbullterrier/
 
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